Dr Marie-Catherine VOZENIN, PhD. Directeur du Laboratoire de Recherche en Radio-Oncologie. CHUV de Lausanne, Suisse.
Ces dernières décennies ont permis l’émergence de traitements très efficaces contre le Cancer avec aujourd’hui une survie très longue de patients traités et guéris du cancer. Ces patients dits « longs-survivants » se trouvent alors potentiellement confrontés à des séquelles induites par les traitements qui comprennent la chirurgie, la radiothérapie, la chimiothérapie, l’hormonothérapie, et maintenant les thérapeutiques ciblées.
Ces séquelles par définition « non cancéreuses » peuvent affecter de manière significative la qualité de vie et sont encore trop souvent non ou mal diagnostiquées, mal évaluées et considérées comme incurables, voire comme un moindre mal. Pourtant, cette question va modifier la vie de ceux qui en sont touchés. Eviter les séquelles de la radiothérapie, tout en détruisant le cancer, a toujours été la préoccupation des Oncologues Radiothérapeutes.
Ainsi dès le début de la radiothérapie il y a plus d’un siècle maintenant, les pionniers ont cherché à développer l’effet différentiel induit par la radiothérapie : c’est-à-dire le moyen pour détruire une tumeur maligne tout en protégeant les tissus sains voisins. Ce souci a conduit à administrer la radiothérapie étalée et fractionnée en plusieurs séances de fraction quotidienne de 2 Gy plutôt qu’une séance unique.
Aujourd’hui les améliorations apportées par la physique médicale et l’imagerie permettent d’exploiter au mieux cet effet différentiel. Cependant, ce potentiel d’amélioration par la technologie a atteint ses limites générant un résultat insatisfaisant pour les patients. De nouvelles approches ont été envisagées et nécessitent une recherche active en Radiobiologie.
En France et en Europe, cette recherche est peu soutenue ; c’est un domaine méconnu et sans doute assez peu rentable au niveau industriel : ainsi, de petits groupes de chercheurs et médecins motivés et innovants travaillent en collaboration forte. Plusieurs nouvelles stratégies sont en développement ou en cours de validation dans le cadre de programme de recherche expérimentaux :
Certains groupes de chercheurs travaillent sur la mise au point de tests prédictifs qui permettraient une sélection plus précise et adaptée de la radiothérapie en fonction de la radiosensibilité de chaque patient.
D’autres chercheurs envisagent de modifier complètement les modalités d’administration des rayons pour augmenter l’effet différentiel.
D’autres encore proposent des traitements à base de cellules souches qui permettraient de régénérer l’organe déficient.
Enfin certains ont étudiés les mécanismes qui conduisent aux séquelles et ont pu les bloquer voire réduire avec des médicaments. Les preuves formelles de leur efficacité sont en cours dans le cadre d’essais thérapeutiques réglementés.
Ces nouvelles pistes sont porteuses d’espoir, mais souvent très longues à mettre en place et valider. Un soutien fort des équipes de recherche compétentes dans ce domaine est ainsi indispensable dans les prochaines années. De plus la formation de jeunes chercheurs et médecins sensibilisés à ces questions est essentielle pour faire aboutir ces efforts et nouveaux traitements à la disposition des patients.